05/12/2017

Volcanik Tri, Magik!

Les préparations aux épreuves de longue distance sont souvent chaotiques et correspondent rarement à l’idée que l’on en avait. Pour ce Volcanik Tri, ma préparation était proche de zéro. Pas le temps de faire de longues sorties, pas la tête à ça.


Difficile de se projeter dans une épreuve lorsque tu te penches au quotidien sur celles que préparent les sportifs que tu encadres, surtout en préparation mentale. Cependant l’échéance arrive et malgré un manque cruel d’entraînement à 5h30, il faudra se jeter à l’eau.


Je prends cette épreuve comme une nouvelle rencontre avec moi-même, sans motivation de résultat, mais plutôt dans un objectif de sensation. 


Ce samedi matin commence par la rencontre atypique de deux mondes. Les sportifs envahissent le front de mer tandis que le monde de la nuit le quitte. Quelques échanges conviviaux mais étranges où les petits déjeuners calculés à la calorie près se mélangent avec les relents d’alcool. La fête est finie pour les fêtards, elle commence pour les adeptes du triple effort.    
Sauvanne regarde son papa, Ombeline son mari, l’énergie m’envahit et s’installe en moi. 
Un soleil orangé apparait sur la digue du port de Saint Pierre et balance, déjà, ses rayons qui glissent sur le lagon. La glisse, ce sera ma tâche pour ces 3000 m de crawl. J’observe la surface de l’eau et j’intègre l’image kinesthésique de mes coups de bras « fluide et puissant », je revois Joël mimant le geste avec conviction et bienveillance et ses consignes résonnent sous mon bonnet.
Je suis apaisé, vit le bonheur d’être simplement là, pleinement conscient.

Ca frotte, nous ne sommes pas nombreux mais le départ est étroit et c’est très difficile de nager sur les 500 premiers mètres. « Calme, fluide et puissant ». Je m’applique sur mon geste et tente de voir la bouée malgré le soleil en pleine face. Mis à part un passage où les coraux obligent une trajectoire bien précise je reste attentif à ma fluidité, mon économie, mon rendement.
Aux sorties « à l’australienne », je vois mes beautés la petite sur les genoux de la grande qui m’encouragent sans retenue. On n’est pas très loin du paradis !
Je sors de l’eau avec Cyril en 52’ et suis satisfait de ma nage, fier de sortir avec mon copain de bassin du groupe de Jo.

Une transition rapide, un petit bisou à ma petite beauté et j’enfourche mon bolide en direction de l’est.
Les jambes ne sont pas au top mais je ne force pas et suis attentif a pédaler rond. Ma position n’est pas idéale lorsque je suis allongé. Une selle trop basse et trop horizontale, quel amateur !
Ombeline me ravitaille et je me délecte de la boisson Longue Distance Pomme-Kiwi de Punch Power fraîche. Le soleil cogne et les ravitaillements servis à la température idéale sont du bonheur à l’état pur. 
La pente s’élève et, pour garder le rythme, je cale ma respiration sur ma cadence de pédalage. Je visualise l’oxygène qui se diffuse dans mes jambes.
Je rattrape quelques coureurs marqués par la fatigue ou en proie aux crampes. J’arrive au Nez de bœuf en ayant la sensation d’être encore bien. 
Ludo m’encourage et veut m’aider dans la transition mais l’arbitre lui rappelle le règlement. Je chausse mes Challenger (Hoka) en ancrant la sensation de confort et de stabilité qui propulsera ma foulée.  Dans la tente de transition, Yann est en face de moi, il parait marqué mais garde son éternel sourire et continue malgré la fatigue à distribuer de l’énergie positive dans de sincères et judicieux encouragements (PS : Yann, surtout ne changes rien !).

Je pars sur le trail avec une consigne qui rebondit dans ma tête « souple et puissant ».
Je suis en dette d’oxygène dès que ça monte, l’altitude, la fatigue, le manque d’entraînement, les signes du vieillissement, je ne sais pas, mais cette question n’arrive pas au bon moment, je la traiterai lundi matin après le café, la range soigneusement dans la poche de mon sac et oriente mon attention sur le paysage grandiose de sa majesté La Fournaise. Je soigne mon économie de course  et rattrape quelques coureurs à la dérive. Je prends un Speed Tonic au beurre salé par demi-heure, histoire de maintenir ma glycémie.
Les deux derniers kilomètres sont  difficiles, très difficiles, mes lombaires en ont ras le bol et bloquent ma respiration. Je n’ai plus de force et termine avec ce qu’il me reste. 

Je vois l’arche d’arrivée qui ne cesse de reculer et la franchis épuisé. Michel me tend le micro mais je n’ai plus de jus pour commenter! Je m’allonge et tremblote comme une vieille feuille d’automne qui sent que la bise va l’emporter.  

9h15! Je finis 6ème au scratch et 1er V3, vidé mais heureux. 

Cette épreuve est de toute beauté : le lever du soleil sur le lagon de Saint Pierre, la route des laves, la terrible ascension en vélo jusqu’au Nez de Bœuf, pour s’offrir un trail dans l’univers volcanique et lunaire du Piton de la Fournaise. 
En prime, la satisfaction d’expérimenter et de continuer à perfectionner les outils que je propose en préparation mentale.  Ainsi que la certitude croissante que l’on peut orienter sa propre réalité vers le bonheur que l’on souhaite vivre en s’appuyant sur les sensations positives du vécu… Mais là, je repars déjà vers l’univers des possibilités exponentielles du mental lorsqu’il est compris, respecté et entrainé.

Avec Hoka One One, Punch Power, Experun Performance, Deleage Expansion, Julbo, Happy Bikes
Crédit photo: Gilbert.V, Koko Kress, Volcanik Tri, Ombeline.B